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Le Forum économique mondial, qui se déroule chaque début d'année à Davos, en Suisse, suscite toujours son lot de commentaires plus ou moins désobligeants. Pour certains, les sujets phares et l'atmosphère de Davos font office de baromètre sur la direction que prend le monde. D'autres estiment qu'il s'agit d'une rencontre sans intérêt entre des grands pontes imbus de leur personne, qui font en général des analyses erronées. La réalité, comme toujours, se situe entre ces deux extrêmes. En tout état de cause, voici quelques unes des impressions que m'a laissées le Forum de cette année 2010.
Difficile d'imaginer trois endroits aussi différents. Ou trois personnes aussi dissemblables que Sebastián Piñera, Viktor Ianoukovitch et Scott Brown. Tous trois viennent de remporter des victoires électorales qui auront d'importantes conséquences non seulement dans leur pays, mais aussi dans le reste du monde.
L'année 2010 restera dans les annales comme la plus tragique de l'histoire de Haïti. Mais c'est également l'année au cours de laquelle la plus grande quantité d'argent affluera dans le pays. Il est impossible de regarder les images qui nous proviennent de Haïti sans ressentir un immense besoin de venir en aide aux Haïtiens. Dans le monde entier, des millions de personnes le font, ainsi que leur gouvernement.
Ces attitudes révèlent des tendances mondiales, des contradictions à la mode et la vulnérabilité des élites. J'ai donc choisi de vous proposer une liste personnelle et très subjective de quelques champions de l'hypocrisie en 2009.
En 1953, les cigarettiers américains publiaient dans tous les journaux du pays un article intitulé «Franche déclaration aux fumeurs de cigarettes». Les messages de ce texte persuasif soutenaient que fumer ne nuit pas à la santé et que cette affirmation s'appuyait sur des bases scientifiques. En 1957, le directeur scientifique du conseil pour la recherche sur le tabac (CTR) écrivait: «La cause de n'importe quel type de cancer est compliquée et difficile à analyser (...) Malgré toute l'attention portée sur l'accusation que fumer provoque le cancer du poumon, personne n'a prouvé que la fumée de cigarette ou un de ses composants est à l'origine du cancer.»
Huit civils américains, travaillant probablement pour la CIA (Agence centrale de renseignements), ainsi que cinq Canadiens, 4 soldats et une journaliste, ont été tués au cours des dernières 24 heures en Afghanistan, alourdissant encore le bilan de 2009, année de loin la plus meurtrière pour les forces étrangères depuis la défaite des talibans chassés du pouvoir à la fin de l'année 2001.
Cette semaine, j'ai convié à Washington un groupe de personnes de divers horizons pour débattre des tendances mondiales dominantes. Y ont participé d'éminents analystes de l'économie et de la politique internationale, des hauts fonctionnaires du gouvernement américain, responsables politiques, présidents d'organismes multilatéraux et de cellules de réflexion (think tanks), rédacteurs en chef de quotidiens et de magazines européens, américains et latino-américains, des professeurs et patrons de grandes entreprises. Le but de la réunion n'était pas de fournir des recommandations, de publier un communiqué ou d'arriver à des accords, mais simplement de réfléchir à voix haute et d'échanger des idées. Etant donné la diversité du groupe et la formule ouverte du débat, sans discours planifié, ordre du jour prédéfini ou compte-rendu écrit, d'innombrables sujets ont été abordés.
Le ministère de la promotion de la vertu et de la prévention du vice compte déjà 500 membres, et ce nombre augmente de plus en plus vite. Vous le trouverez sur Facebook, le site où tout est possible. Je vous en dirai un peu plus sur le ministère anti-vices à la fin de cet article. Les sites Web comme Facebook permettent de retrouver ses amours de jeunesse, de se faire de nouveaux amis, d'organiser des fêtes et de trouver du travail. Ces sites servent aussi à lutter contre les dictatures, à dénoncer les politiciens corrompus ou à récolter des fonds pour sauver la vie d'un enfant malade.
L'écroulement du mur de Berlin «tombait mal» pour les soviétologues. Dans le monde entier, des milliers d'espions, de généraux, de diplomates, de professeurs, de journalistes et d'experts gagnaient leur croûte grâce à l'étude de l'Union soviétique. Personne n'avait pronostiqué sa chute.
C'est toujours la même chose. La reprise économique est venue plus tôt que prévu. Elle a été aussi soudaine que l'effondrement financier. Le trimestre dernier, la croissance économique américaine a été de 3,5% en rythme annuel. Au début de l'année, selon les gros titres des journaux, nous étions sur le point de subir une dépression plus sévère que celle des années 30 et la stagnation devait durer une génération.
Dans les années 1990, les réformes politiques et économiques du Mexique ont été exemplaires. Le pays s'était soudainement libéré d'un hyper-nationalisme qui l'empêchait d'entretenir des relations saines avec le reste du monde, en particulier avec son voisin américain. Il s'était également débarrassé, sans violence, d'un système politique dominé pendant sept décennies par le même parti.
Ces temps-ci, on sent bien qu'on ne parle que d'argent: dans le monde entier, les faillites, les sauvetages financiers et la crise économique monopolisent les conversations. Et s'il est raisonnable qu'il en soit ainsi, il est également sain de changer de sujet de temps à autre. Parlons, par exemple, de cette autre crise aux multiples conséquences qui touche le monde entier: celle de l'éducation.
Le pétrole rend pauvre. Les diamants, le gaz et le cuivre aussi. Les pays pauvres dotés de ressources naturelles abondantes sont en général restés des pays sous-développés. S'ils ont ce statut, ce n'est pas en dépit de leurs richesses naturelles, mais bien à cause de celles-ci. Comment se fait-il que les ressources naturelles d'un pays puissent perpétuer la pauvreté de la majorité de ses habitants? Il existe un phénomène qu'on a baptisé la «malédiction des ressources naturelles».
La culture et les traditions de l'Europe sont peut-être les principales forces qui lui donneront une impulsion. Mais cet élan pourrait aussi naître de sa capacité à inventer de nouvelles formes de gouvernement, d'intégration communautaire et de relations avec le reste du monde.
Contrairement aux apparences, l'été a été très favorable, en matière d'actualité internationale. Evidemment, pas au point de faire disparaître tous les maux qui nous accablent. Au Congo et au Darfour, les atrocités se poursuivent; la guerre d'Afghanistan s'est intensifiée; le taux de chômage en Europe et aux Etats-Unis, déjà élevé, est encore en hausse... Et ce ne sont là que quelques exemples de la longue liste de calamités qui continuent de frapper l'humanité.
Pendant des décennies, un petit groupe de scientifiques a soutenu que fumer n'était pas mauvais pour la santé. Grâce aux doutes qu'ils ont semés, l'industrie du tabac a réussi à repousser les initiatives destinées à sensibiliser les fumeurs aux dangers mortels du tabac. Inéluctablement, la vérité a fini par prendre le dessus, si bien qu'aujourd'hui, personne ne conteste la nocivité de la cigarette.
C'est terminé. La superpuissance américaine est en chute libre. L'économie des Etats-Unis est dans le rouge, les banques sont en faillite, la dette a atteint des sommets, les industries manufacturières souffrent de la sévère concurrence des pays d'Extrême-Orient.
Les moyens de défense mis en œuvre dans le monde contre les menaces les plus graves sont dangereusement compromis et affaiblis. On connaît la liste de ces menaces: changement climatique, prolifération nucléaire, terrorisme, pandémies et un très long et cætera. Sans une collaboration efficace de plusieurs pays, on ne pourra régler aucun de ces problèmes. Or une telle collaboration n'existe pas, et il est peu probable qu'elle se mette en place. Par conséquent, il est nécessaire de changer notre manière d'aborder les choses.
Les élus californiens vont tenir mercredi 28 octobre un débat public sur les conséquences d'une loi légalisant, taxant et régulant la vente de marijuana. C'est une première dans un Etat américain. Le gouverneur républicain de Californie Arnold Schwarzenegger veut un débat «de qualité». Selon les calculs, la légalisation des drogues dites douces pourrait rapporter 1,4 milliard de dollars par an à l'Etat au bord de la faillite. Plusieurs associations militent pour la tenue d'un réferendum sur la question en Californie. Nous republions à cette occasion un article de Moises Naim sur les avantages géopolitiques d'une légalisation des drogues douces.