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Global Columns

Les États doivent se préparer ensemble à affronter une crise sans précédent

Andrea G

Slate / Moisés Naím et traduit par Micha Cziffra

«Nous avons atteint les 100.000 premiers cas d'infection au coronavirus en soixante-sept jours. Onze jours plus tard, nous en avons compté 100.000 autres. Il n'a fallu que quatre jours de plus pour dénombrer encore 100.000 personnes infectées. Puis en deux jours, nous en accumulons 100.000 autres.»

Voici ce qu'a déclaré le 23 mars Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), devant les chefs d'État et de gouvernement qui ont participé au sommet spécial consacré au Covid-19.

Le lendemain, le Congrès américain a réussi à sortir de sa paralysie et a adopté le plus grand plan de relance de l'histoire. Plus de 2.000 milliards de dollars seront distribués à des particuliers, des gouvernements locaux et des entreprises privées afin d'atténuer les dégâts économiques considérables provoqués par les mesures pourtant nécessaires à la régression de la pandémie de coronavirus. Mais à quoi correspondent au juste 2.000 milliards?

Le PDG de Nonprofit Finance Fund, Antony Bugg-Levine, l'explique de cette manière: «Si à chaque seconde qui passe, vous ajoutez un billet d'un dollar 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, en deux semaines environ, vous arrivez à un million de dollars. Il faudra quarante ans pour atteindre le milliard, et 80.000 ans pour obtenir les 2.000 milliards.»

Inévitable récession américaine

L'ampleur de cette initiative économique –l'injection de capitaux d'un montant astronomique– a beau être impressionnante, elle ne suffira pas à relancer l'économie des États-Unis.

La plupart des expert·es estiment qu'une récession touchera le pays cette année, entraînant un nombre sans précédent de licenciements, de faillites d'entreprises et d'expulsions des occupant·es de logements et de locaux commerciaux pour défaut de paiement.

Le pessimisme des spécialistes tient principalement aux retards inévitables et aux difficultés de mise en œuvre des fonds débloqués par le gouvernement, ainsi qu'à la poursuite de la catastrophe sanitaire actuelle.

Jusqu'à la mise au point d'un vaccin et d'un traitement anti-Covid-19, l'activité économique restera faible. En outre, il est possible que les bénéficiaires d'aides financières ne les reçoivent que tardivement.

On redoute par conséquent qu'un grand nombre de PME, dont la clientèle s'est déjà volatilisée, soient contraintes de fermer boutique avant de percevoir la moindre aide.

Les citoyen·nes, qui ont cessé de consommer, font à présent la queue ou entament les démarches nécessaires pour percevoir leur allocation chômage.

Il y a un mois, aux États-Unis, on comptait 200.000 demandes hebdomadaires d'indemnités ou d'allocations diverses de la part de personnes qui ont perdu leur emploi.

La semaine du 16 mars, ce chiffre avait grimpé à 3,3 millions de personnes, seize fois plus que la semaine précédente. Le record pour ce type de démarches remontait à une semaine du mois d'octobre 1982, au cours de laquelle 650.000 demandes avaient été déposées.

Indispensable coordination internationale

L'économie américaine n'est évidemment pas la seule à être frappée de plein fouet. La Chine souffre de son côté du deuxième ralentissement le plus grave que le pays ait connu depuis les années 1970.

Son économie dépend dans une très large mesure de ses exportations. Or, la demande venant de l'étranger a chuté de façon spectaculaire ces dernières semaines.

Un grand nombre de pays sont déjà –ou seront bientôt– confrontés à une crise économique sans précédent.

Le combat contre le Covid-19 coûte cher et portera les dépenses publiques et l'endettement des États à des niveaux inédits. Cet impact sera d'autant plus grave dans les pays à forte population dont l'économie et le système de santé demeurent précaires.

L'Inde, le Nigeria, le Pakistan, le Brésil, l'Afrique du Sud, le Bangladesh et le Mexique, notamment, sont des pays peuplés à relativement faibles revenus souffrant d'une grave crise budgétaire.

Une pandémie qui exige des actions locales, telles que le confinement des populations et la solidarité, requiert également de toute urgence une certaine coopération internationale.

Les pays doivent s'entraider et agir de concert pour concevoir et mettre en œuvre des politiques économiques, leur coordination financière et donc monétaire, la gestion de leur endettement, ainsi que la levée des barrières au commerce de médicaments, de matériel et d'équipements hospitaliers, entre autres.

Il convient de conjuguer l'action locale au niveau le plus individuel possible avec l'action internationale au niveau le plus multilatéral possible.

Utile précédent du G20

C'est possible et, du reste, le monde l'a déjà fait. Durant la grave crise économique qui a sévi aux quatre coins du monde de 2007 à 2009, le Groupe des vingt (le G20), une organisation créée en 1999 par dix-neuf pays et l'Union européenne, et qui avait jusque-là joué un rôle insignifiant, a connu un second souffle.

Lorsqu'est survenue la crise dite des «subprimes» en 2007, c'est le Premier ministre britannique Gordon Brown qui présidait le G20 [le Groupe des vingt fonctionne selon un système de présidence tournante, ndlr].

Le chef de l'exécutif britannique comme d'autres chefs d'État et de gouvernement ont décidé de faire du G20 le centre névralgique de la coordination économique internationale.

Bien que les réponses apportées à la grande récession aient comporté leur lot d'erreurs, il est indéniable que la réactivation du G20 et le renforcement de son action ont contribué à limiter les dommages causés par l'énorme krach financier.

Pendant la crise sanitaire que nous vivons, l'isolement individuel sauve des vies. Mais s'agissant des pays, l'isolement ne ferait qu'alourdir le coût de la crise plus globale qui se profile. Inspirons-nous, pour éviter cela, des précédents qui peuvent nous être très utiles.