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Global Columns

Le déclin de l'Europe, une mauvaise nouvelle pour tout le monde

Andrea G

Slate / Moisés Naím et traduit par Micha Cziffra

Prédire le futur caractère insignifiant de l’Europe sur la scène internationale est devenu aussi courant que se gausser des aberrations de Bruxelles. Toutes les études socioéconomiques prévoient que, d'ici une vingtaine d'années, les économies européennes représenteront moins de 10%, contre 20% actuellement, de la richesse mondiale.

Par ailleurs, il est difficile de s’émerveiller des décisions de l'Union européenne. Un récent séjour à Bruxelles m’a confirmé que le projet européen, à l'heure actuelle, ressemble plus à un programme de création d'emplois publics destiné aux classes moyennes du continent qu'à un idéal générateur d’espoirs et mobilisateur des meilleures énergies de la région.

Leadership défaillant

L’incapacité de l’Union européenne à gérer efficacement la crise économique n’est qu’un des symptômes d'un problème de leadership plus profond. Pourquoi l’Europe a-t-elle été frappée plus sévèrement et pendant plus longtemps que les autres par la crise mondiale? La crise irlandaise vient de porter le pessimisme européen à un niveau presque sans précédent. Gideon Rachman, journaliste au Financial Times, se dit: «prêt à parier que la [valeur de la] monnaie unique [l’euro] ne va pas se maintenir et que le bourreau de l’euro sera l’Allemagne». Selon son raisonnement, des crises financières successives vont épuiser la patience des Allemands, qui se diront qu'ils ont tout fait – et dépensé des sommes astronomiques – pour surmonter la crise, mais que ce sont les autres pays qui ne n’ont pas été à la hauteur des circonstances; par conséquent, «l’Allemagne sera libérée de son obligation historique de «construire l’Europe»».

Naturellement, l’effondrement du système monétaire européen ferait l’effet d’une bombe. Il porterait peut-être même le coup de grâce au projet d’une Europe unie. Il est évident qu’une telle situation serait néfaste pour l’Europe. En revanche, l’absence d’une Europe influente et intégrée serait-elle une mauvaise chose pour le reste du monde? La réponse à cette question mérite qu'on s'y attarde.

Paix et égalité, principes suprêmes de l'Union

L’Europe transmet au reste du monde des principes et des valeurs plus nobles que ce qui viennent des autres régions du globe. L'affaiblissement économique et politique de l’Europe atténue la force de cette influence positive. Sa répudiation permanente de la guerre, véritable enseignement tiré des terribles conflits qui ont fait rage sur le continent au cours du 20ème siècle, lui vaut la condescendance de ceux qui confondent pacifisme et faiblesse.

Mais un monde où une puissance est disposée à éviter la guerre quitte à se tromper ne vaut-il pas mieux qu’un monde où des pays puissants lancent sans scrupule des «guerres préventives» parce qu’ils se fichent de se tromper? Si le gouvernement de votre pays se met à violer les droits de l'homme, à torturer, à «se débarrasser» de ses opposants et à emprisonner des journalistes, qui préféreriez-vous voir disposer de la voix principale au sein de la communauté internationale? Le Parti communiste chinois? La Russie de Poutine? Ou l’Europe? Alors qu’aux Etats-Unis on tolère la plus injuste redistribution des richesses du siècle et que la Russie et la Chine s’enorgueillissent de voir des nouveaux riches accumuler des fortunes colossales, l’Europe continue d’être fortement allergique aux inégalités.

A choisir, opteriez-vous pour un monde où 1% de la population totalise 95% des richesses et où la grande majorité – les masses pauvres – se dispute les 5% restants? Ou un monde dominé par une classe moyenne qui regroupe de plus en plus de monde et dont la puissance grandit? Eh bien, c'est l'Europe qui pourrait permettre à ce second scénario de se réaliser. Chacun sait que le modèle social européen est le meilleur au monde; on sait aussi qu’il est devenu non viable dans de nombreux pays? Mais un modèle «social» dans lequel des millions de gens ne bénéficient pas de soins de santé et deviennent des laissés-pour-compte quand ils perdent leur emplois ou prennent leur retraite, est-il plus viable? Est-il digne seulement d'être imité? Aujourd’hui, nul n'est plus généreux et solidaire avec les plus démunis que l’Europe.

Que l’Union tienne bon!

La mondialisation a pour conséquence qu'un nombre croissant de problèmes requièrent des réponses collectives rapides. L’expérience européenne de gouvernance collective est la plus ambitieuse jamais lancée par les hommes. Son échec conduirait beaucoup de responsables politiques à écarter l’idée d’une union politique et à éviter de renouveler un projet similaire pendant longtemps. Mais nous ne pouvons nous permettre le luxe de perdre ce temps.

J'ignore si les dirigeants européens sauront surmonter les immenses obstacles qui barrent leur route. Et si projet d’intégration européen sera un succès. Mais je suis sûr d’une chose, si la construction européenne s’écroule, le monde entier en fera les frais.