Contact Us

Use the form on the right to contact us.

You can edit the text in this area, and change where the contact form on the right submits to, by entering edit mode using the modes on the bottom right. 

         

123 Street Avenue, City Town, 99999

(123) 555-6789

email@address.com

 

You can set your address, phone number, email and site description in the settings tab.
Link to read me page with more information.

Global Columns

Au Japon, la prochaine catastrophe ne sera pas économique

Andrea G

Slate / Moisés Naím et traduit par Micha Cziffra

Les Japonais sont décidément un peuple à part! Il est aussi difficile de ne pas être touché par les images de souffrances et de destruction qui nous viennent du Japon que de ne pas être surpris par le stoïcisme des sinistrés.

Ailleurs, les catastrophes naturelles engendrent panique, désordre et pillages. Mais au pays du soleil levant, on attend patiemment son tour pour recevoir des soins ou pouvoir acheter de quoi manger. Et si les visages reflètent tout de même une douleur inimaginable, elle est exprimée en toute pondération. Les Japonais méritent assurément l’admiration et la solidarité internationale.

Les marchés financiers, aussi, sont à part

Les marchés financiers ont aussi un fonctionnement singulier. Les spéculateurs misent sur un redressement économique du pays plus rapide que ce que pourraient laisser penser les images de dévastation. Ils supposent en outre que l’impact à long terme sur la finance et l’économie, au niveau international, sera mineur.

Moins d’une semaine après les secousses et le tsunami qui ont frappé le Japon, alors que les risques nucléaires étaient encore incertains et que le nikkei, l’indice japonais, accusait une forte chute, les fonds d’investissement internationaux spécialisés dans le rachat d’actions d’entreprises japonaises, ont reçu des flux financiers records. La semaine du 14 mars, les investisseurs ont déposé 956 millions de dollars [670 millions d’euros], tandis que la semaine précédente, ce montant était de 180 millions de dollars.

Le yen, fort de la catastrophe

Idem pour la monnaie. Dans les jours qui ont suivi la tragédie japonaise, le yen a atteint son niveau le plus haut depuis la Seconde Guerre mondiale.

Une monnaie qui a tant de valeur ne sert pas les exportations du pays et provoque généralement de multiples perturbations au niveau international. C’est pourquoi les banques centrales des sept pays les plus riches sont intervenues sur le marché des devises; elles ont stabilisé avec succès la monnaie japonaise. C’est d’ailleurs une «nouveauté»: on n’avait pas vu d’intervention coordonnée des banques centrales depuis plus de dix ans.

Le renforcement du yen est dû au fait que les marchés ont anticipé un rapatriement massif des capitaux japonais présents dans d’autres pays.

Le raisonnement: étant donné que cet argent devra revenir au Japon pour financer la reconstruction, la demande de yen va augmenter. En partant du principe le yen se réévaluera en conséquence, les spéculateurs se sont mis à acheter cette devise. Un mauvais coup, en l’occurrence, puisque les banques centrales ont interrompu sa hausse.

Le bon pari: une récupération rapide

Ceux qui ont bien joué leur coup sont sans doute ceux qui ont misé sur une rapide récupération du Japon.

Car, bien que le double accident dont le pays est victime ait été dévastateur, l’estimation haute des dégâts est de 300.000 millions de dollars [210 millions d’euros]. La plupart des analystes tablent plutôt sur 200.000 millions de dollars. Ce chiffre représente à peine 4% de l’activité économique japonaise et 1 petit pour cent de la richesse du pays.

Martin Wolf, éditorialiste au Financial Times, rappelle que, au Japon, la crise financière mondiale a eu un impact équivalent à 10% du PIB.

Aussi, après la crise financière, les images du Japon ne dépeignaient peut-être pas le drame actuel. Mais en réalité, le krach de 2009 a affecté un bien plus grand nombre d’habitants.

Voici l’autre calcul des marchés: le rétablissement du Japon sera aussi prompt que celui qui s’est opéré à la suite de catastrophes passées.

Garry Evans, analyste chez HSBC, a étudié les impacts financiers des tremblements de terre de Kobe (Japon) en 1995, de Taiwan en 1999 et du Chili en 2010, ainsi que des attentats du 11 septembre 2001.

Il a constaté qu’après une phase initiale de chute, il n’a fallu qu’entre 23 et 78 jours pour que les bourses des valeurs reviennent à leur niveau «pré-catastrophe». Cent jours plus tard, elles avaient même dépassé ce niveau.

En outre, les économies frappées par ces malheureux événements croissent grâce à la stimulation des investissements destinés à la reconstruction. En 2010, le Chili a été dévasté par un terrible séisme. A la suite de quoi le pays a enregistré une croissance de 5%.

Naturellement, la tragédie japonaise a des effets négatifs. C’est notamment dans ce pays que se trouvent les maillons essentiels de nombreuses chaînes d’approvisionnement dont dépend l’industrie mondiale –or certaines sont paralysées.

Les assurances en feront les frais. Et le futur de l’industrie nucléaire fait l’objet de sérieuses remises en question. Qu’à cela ne tienne, les investisseurs sont aussi sur ce coup-là: le cours de l’uranium a baissé de 30%.